Honorable Aboubacar Sidick FOMBA président de la commission santé, développement social et de la solidarité du conseil national de transition du Mali

président du parti Alliance Democratique du peuple malien et porte parole du COREMA répond aux propos désespérés et grotesques du général de salon de la France, le général de division Frédéric blachon sur la situation au Sahel .

Monsieur le général Frédéric Blachon ,

Faisant suite à vos récents propos sur la situation au Sahel lors de l’émission du « Journal du Dimanche » en date du 5 novembre 2023, aucun observateur averti malien, burkinabé et nigérien ne saurait rester indifférent vue la systématisation du nouveau narratif officiel français sur le Sahel après l’éjection du dispositif militaire français pour cause d’inefficacité et de manque de résultats tangibles et vérifiables.
C’est dans ce contexte que l’on peut sans aucun doute qualifier votre affirmation suivante: « Au Sahel le risque d’une victoire des djihadistes est réel ».
Fort est de constater que votre déclaration fait elle même suite à une série quasi auto-datée de déclarations similaires du ministre français des armées, votre ministre de tutelle comme telle :
– le 2 septembre 2023, le ministre français affirme qu’au Niger la France ne se laissera pas impressionner,
– le 29 septembre 2023, il déclare qu’il craint que la région du Sahel s’effondre sur elle même ;
– le 11 Octobre 2023, il annonce qu’il n’y a pas eu de défaillance des services Français au Sahel,
– le 12 Octobre 2023, le ministre alerte sur une résurgence massive du risque terroriste au Sahel et également sur une partition du Mali dans les semaines et les mois à venir.
Cependant en considérant la réalité opérationnelle actuelle de la lutte contre le terrorisme dans l’espace territorial de l’Alliance des États du Sahel, alors il devient nettement plausible que votre récente déclaration s’inscrit dans une double logique de désinformation du public français d’une part et d’ autre part de la nécessité impérative et irrésistible pour l’État français et ses alliés de déstabiliser les pays de l’Alliance des États du Sahel dont le « tord « commun est d’avoir décidé d’assumer de leur propre chef et en toute indépendance leur sécurité et leur défense.
Toutefois, la majorité du peuple Malien a un très sombre souvenir lors de votre brève mission en qualité de commandant de l’opération Barkhane au Mali de 2018 à 2019.
Sous votre commandement, le Mali a connu le plus grand nombre de perte en vies humaines notamment civiles avec des exécutions sommaires, des assassinats de femmes et d’enfants, des villages décimés, l’instrumentalisation à outrance et un début de métastase des conflits inter-communautaires. Le constat macabre est qu’il y a eu plus de 2000 victimes civiles pendant qu’aucun terroriste n’avait pu être neutralisé par la force Barkhane.
C’est sous votre commandement que le Mali a connu les événements les plus tragiques de kolongo, de Dioura, d’ogossagou, de sobanda , de Mondoro, de boulkessi, de Menaka et de GAO pendant que l’Etat français déclarait haut et fort dépensé 2 milliards de francs cfa par jour au Mali.
Néanmoins les autorités maliennes de cette époque ont en dépit de toute logique osé vous décoré malgré votre échec patent et l’absence de résultats tangibles de l’opération sous votre commandement.
J’aurai à votre place par humilité et honnêteté morale refusé d’accepter la médaille décoratrice; c’était plus dithyrambique que méritoire.
Dans ce contexte Monsieur le général, nous Maliens et certainement beaucoup de vos compatriotes gardent des doutes sur votre compétence opérationnelle et exécutive.

Monsieur le général, votre pays s’était fixé officiellement l’objectif de contenir voire de débarrasser le Mali du terrorisme. Cependant le foyer du terrorisme qui était au départ confinée au nord du Mali s’est métastasé sur l’ensemble du Sahel malgré les soi-disants moyens considérables de votre pays et de sa puissance militaire. Face à ce constat évident et face aux mépris chroniques de votre pays à l’égard des forces armées maliennes et du peuple malien, notre peuple et plus tard les peuples burkinabés et nigériens ont décidé de vous mettre à la porte du Sahel.
Votre armée est considérée dans le Sahel comme un imposteur, votre Etat comme comme un néocolonialiste, et votre commandement militaire comme incompétent.
C’est ce verdict accablant pourtant objectif des peuples du Sahel que l’élite française n’est pas encore arrivé à digérer et à tirer les conséquences objectives pour une réorganisation rationnelle.

Monsieur le général,
Il est encore temps pour votre génération de sortir de l’utopie que la France est indispensable pour le bien être de l’Afrique. Il est impératif pour vous et votre génération de vous défaire de la fausse conviction que sans la France, le déluge terroriste, pardon maintenant le déluge jihadiste engloutirait le Sahel.
Monsieur le général,
En relisant attentivement les archives de la colonisation française en Afrique occidentale, vous découvrirez sans doute que les sahéliens, ce qu’on appelle aujourd’hui maliens, burkinabés et nigériens sont ceux qui se sont hier opposés le plus farouchement à la mission « civilisatrice « que votre pays s’était auto-octroyé pour tuer et commettre des génocides, des travaux forcés et des pillages systématiques de nos ressources dans nos contrées.
De même aujourd’hui, nous et les futures générations de maliens et sahéliens ne sommes nullement intéressés par la continuation de la mission « civilisatrice » imprudemment reformulée en mission « protectrice « de votre pays au Sahel.
Nous y opposerons toujours une fin de non-recevoir quelques soient la nature de vos tentatives de déstabilisations et de subversion. Soyez-en certain et rassuré.

Monsieur le général,
Inonder le Sahel de terroristes, de jihadistes, ou de tous ceux qui vous semblent approprier pour mener votre guerre par proxy contre le Mali et les peuples du Sahel, nous les enverrons tous au repos éternel comme la su bien résumer notre ministre de La Défense et des anciens combattants, le colonel patriote Sadio Camara.

Monsieur le général,
Pour votre désolation, veuillez bien noter que plus personne et plus aucun pays ne croit à la bonne foi de votre pays pour lutter contre le terrorisme en Afrique. La crédibilité de l’Etat français et de l’armée française a été irréversiblement ruinée auprès des peuples africains lorsque votre pays, la France, membre permanent du conseil de sécurité accusée officiellement et publiquement de soutenir le terrorisme au Sahel par le Mali, a tout fait pour empêcher la tenue d’une réunion spéciale du conseil de sécurité des Nations Unies demandée par le Mali sur ce sujet.

Monsieur le général,
le violeur a tendance à oublier ou faire oublier ces méfaits mais le violé lui ne peut jamais oublier les faits.
Voilà l’équation actuelle des relations entre votre pays et le notre. Cette équation ne peut être résolue que par humilité et sincérité. Vous et votre pays n’en disposez actuellement d’aucune des deux.

Monsieur le général,
nous ne sommes ni dupes, ni amnésiques et mesurons la portée de votre déclaration qui d’ailleurs n’est d’aucune surprise pour les pays de l’Alliance des États du Sahel.
C’est une conséquence logique d’un déni de la réalité, un entêtement schizophrène de l’élite politique et militaire française à ne pas reconnaître les contours stratégiques du flux historique en cours qui s’avère étrange.

Monsieur le général,
Vous êtes avec vos semblables prisonniers d’une époque en cours de révolution définitive. Vos narratifs, vos jeux, vos intentions et vos objectifs ont été compris et je doute fort bien que les engagements de vos valets et de votre cinquième colonne présente chez nous pour permettre à la France de revenir par la fenêtre au Mali, au Burkina Faso et au Niger ne sera pas suffisant sans une dose de subversion terroriste, pardon jihadiste.

Monsieur le général,
Contrairement à ce que vous vous efforcez à croire et à vouloir faire croire, les maliens ont compris que les forces armées maliennes sont entrain d’affronter à cet instant présent les légionnaires français, les forces clandestines du service action de la DGSE française, d’EuroGendFor et autres supplétifs mercenaires de l’OTAN au nord du Mali. N’est pas cette intervention armée clandestine dont vous ne pouvez point douter de la victoire sur nos forces qui vous rassure vous et votre ministre de tutelle que le Sahel s’effondrera et que le Mali sera bientôt partitionné?

Monsieur le général,
nous sommes depuis quelques temps des témoins attentifs des échecs des pronostics des élites politiques et militaires françaises; de la déclaration farfelue du ministre français de l’économie, le fameux Bruno Lemaire sur l’effondrement imminent de l’économie russe à la déclaration de vos autorités politiques sur le fait que Mali ne saurait tenir plus de deux semaines un blocus de la Cedeao sous instruction de la France jusqu’à la dernière en date qui est la votre.
Monsieur le général vous avez échoué dans tous vos pronostics car vous êtes prisonnier d’une autre époque, d’une réalité parallèle.

Monsieur le général,
Toutes les armées au cours de leur existence en viennent à faillir dans leur mission. Les forces armées maliennes en ont fait l’amère expérience en 2012, nous avons été contrairement à l’armée française honnête envers nous même et avons tiré les conséquences et nous nous sommes relevés et aujourd’hui nos forces armées expédient à l’enfer vos supplétifs terroristes et vos forces clandestines. C’est cette victoire sur vous et vos supplétifs qui est aujourd’hui notre raison d’être afin de débarrasser pour de bon les peuples du Sahel de toute tentative de mission civilisatrice ou plutôt mission prédatrice de votre pays dans l’espace territorial de l’Alliance des États du Sahel.

Monsieur le général,
Tant que l’élite politique et militaire française n’aurait pas objectivement admis l’échec global de leur intervention militaire au Sahel et d’en tirer de façon rationnelle et constructive les leçons de cet échec, la politique française dans cette partie d’Afrique en particulier n’aura aucune perspective d’avenir quelques soient les narratifs employés, les distorsions manifestes de la réalité objective et les tentatives de créer des nouvelles réalités aux travers de la subversion et de la déstabilisation.

Monsieur le général, excusez-moi moi du terme mais vous et vos semblables tels que votre chef D’Etat , votre ministre des armées et votre ministre de l’économie numérique êtes des symboles de déchéance de la conscience humaine. C’est assez déplorable pour la nation française.

Enfin, je tiens à vous rassurer que l’avenir du Sahel ne se décidera pas en France, mais par les peuples du Sahel eux mêmes.

Bamako le 7 Novembre 2023

Honorable Aboubacar Sidick FOMBA

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