Levée de la suspension des partis et reprise du dialogue : le temps de la décrispation politique?

Nous l’avons appris à travers le communiqué CM N°2024-28/SGG du 10 juillet 2024. Par le décret n°2024-0230/PT-RM du 10 avril 2024, le gouvernement avait suspendu les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations.

La mesure de suspension était motivée par le besoin de sauvegarde de l’ordre public, au regard des multiples défis auxquels le pays faisait face, tant sur le plan sécuritaire que sur le plan du climat politique et social, en vue de l’organisation sereine du Dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale sur toute l’étendue du territoire national.

Nous avions été les premiers à dénoncer cette mesure comme étant contraire aux dispositions pertinentes de la constitution malienne et dans un moment où les fils du pays avaient besoin de se parler. Mais la mesure faisait suite à la Déclaration du 31 mars 2024 des partis et organisations de la société civile demandant aux autorités de transition d’acter la fin de ladite transition conformément au décret N°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 fixant le délai de la Transition.

Ces partis et regroupements de la société civile avaient saisi la Cour Suprême aux fins d’annuler le décret N°2024-0230/PT-RM du 10 avril 2024, portant suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations qu’ils jugent « liberticides et contraires à la Constitution ». Sans succès.

Cette suspension était assez surprenante parce qu’elle était contraire à la volonté affichée du chef de l’Etat de rassembler les Maliens autour du « MALI ». C’est donc, sans surprise, que le gouvernement se ravise trois mois, jour pour jour, après la prise de la mesure controversée.

La raison cachée derrière cette levée subite de suspension pourrait être la relance du dialogue politique avec l’AIGE autour du processus électoral. Et pour cause, à la suite de la levée de suspension, les partis politiques ont été invités à une rencontre avec l’AIGE pour la relance du processus électoral au Centre international de conférence de Bamako le 15 juillet 2024.

Cette rencontre a effectivement eu lieu. Mais elle a été marquée par la déclaration du Docteur Mahamadou Konaté, président du M5 Mali Kura. Dr Konaté, au nom d’une cinquantaine de partis politiques dont l’ADEMA, FARE An ka Wili, YELEMA, PARENA, etc., membres de la Déclaration commune du 31 mars 2024, sollicite à l’AIGE et autres partis politiques frères de demander aux autorités la libération des onze (11) camarades détenus. Ces partis suspendent leur participation aux différentes rencontres du cadre de concertation jusqu’à la libération de leurs camarades détenus depuis trois semaines pour dix d’entre eux.

Pour la pacification de l’espace politique et pour mener les concertations sur le processus électoral dans un climat cordial et apaisé, il est souhaitable que les détenus politiques soient élargis d’autant plus que le décret controversé ayant servi de base à leur interpellation vient d’être abrogé !

                                                                                                          La rédaction

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