Bakary Togola, surnommé le « Roi du coton », devant la Cour d’assises spéciale pour crimes économiques et financiers

L’ancien président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) et de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), Bakary Togola, se retrouve de nouveau sous les feux des projecteurs judiciaires. Ce lundi 19 août 2024, il comparaît devant la Cour d’assises spéciale dédiée aux crimes économiques et financiers. Accusé de faux et usage de faux, atteinte aux biens publics et complicité, Togola, accompagné d’une dizaine d’autres prévenus, est au cœur d’une affaire qui secoue le Mali depuis plusieurs années.

L’affaire Togola figure parmi les 51 dossiers inscrits au rôle de cette session spéciale de la Cour d’assises. Ce dossier suscite un intérêt particulier parmi la population, notamment les cotonculteurs, en raison des accusations portées contre Togola. Il est soupçonné d’avoir détourné 9 milliards de francs CFA, issus des ristournes de coton, au détriment des associations villageoises.

Les premières investigations avaient conduit à son placement sous mandat de dépôt pour corruption et détournement de fonds publics par le procureur Mamoudou Kassogué, actuel ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. Toutefois, en novembre 2021, après sept jours d’audience, la Cour d’assises spéciale l’avait acquitté, à la grande surprise générale, alors qu’il risquait la prison à perpétuité.

Cet acquittement inattendu avait déclenché une vague de réactions au sein du système judiciaire malien. L’ex-procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maïga, avait exprimé sa profonde frustration, qualifiant la session de « désastre » et de « fiasco ». Cette prise de position avait entraîné une réaction en chaîne, culminant avec une directive du ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué, ordonnant une enquête sur certains membres de la Cour, soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin pour étouffer l’affaire.

En avril 2022, la Cour suprême du Mali avait annulé l’arrêt d’acquittement, remettant ainsi Bakary Togola et ses coaccusés en détention. Ce lundi 19 août 2024, ils seront à nouveau devant la Cour d’assises spéciale pour répondre aux accusations de faux et usage de faux, atteinte aux biens publics et complicité.

Contrairement à la première audience qui avait duré sept jours, cette nouvelle session devrait s’étendre sur onze jours. Les juges auront pour tâche d’examiner minutieusement le dossier afin de déterminer la culpabilité ou non de Bakary Togola.

Les avocats de Togola ont déjà contesté les bases des poursuites, arguant que, selon la législation communautaire de l’Ohada, les biens des coopératives et des sociétés ne relèvent pas des biens publics, mais sont des biens sociaux. Cette interprétation avait conduit à son acquittement lors de la précédente audience, et sera sans doute au cœur des débats lors de cette nouvelle session.

Source: Keba Ibrahim DIALLO

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